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Venus - Le Journal de bord - Introspections

Dernière mise à jour : 16 août 2021

Vous êtes tombés sur cet article sans avoir lu les articles précédents? Alors pour vous mettre dans la sauce voici un petit résumé sous forme de recette.


Nous appellerons ce plat : Aventure sur lit de Pacifique


Comme ingrédient principal prenez une équipe qui s’est donné comme mission d’aller jusqu’à Tahiti chercher Venus, un magnifique voilier de 51 pieds. Ajoutez-y le défi de le ramener jusqu’au Québec. Laissez mariner le tout pendant une traversée de plus de 10 semaines sur deux océans et plus de 7 000 miles nautiques. Et pour agrémenter le tout, nous y ajouterons un dernier ingrédient spécial: la situation de pandémie mondiale et de restrictions de voyage.


Ça vous met l’eau en bouche? Moi aussi, alors c’est parti!


Mardi 22 Juin 2021

Après la belle semaine passée sur l’île de Ua Pou avec les enfants, la mise en place de notre intervention à l’école pour y parler océans et déchets, et l’organisation du ramassage de déchets avec la Mairesse du village, c’est le moment de retourner à la grande ville de Taiohae, sur Nuku-Hiva. Et oui, il faut continuer à aller de l’avant, faire en sorte de pouvoir profiter au maximum de la saison hivernale (ou estivale dans l’hémisphère Nord) afin de proposer nos séjours à bord de Venus et, d’un côté faire découvrir la Polynésie française à ceux d’entre vous qui embarquez avec nous, mais aussi d’un autre côté, de continuer avec les projets de sensibilisation et continuer à en apprendre sur les enjeux de conservation des océans! Alors, c’est l’heure de faire du travail de bureau, internet, ordinateur, courriels, demandes de financement et organisation du calendrier!

La super équipe pour le ramassage de déchets que nous avons organisé à Ua Pou!


Et puis, après une semaine bien productive, nous avons deux nouveaux équipiers qui embarquent pour rejoindre l’aventure pendant un mois sur la prochaine étape vers le Sud : Tuamotus et puis Tahiti! Vadim et Elvira sont un jeune couple de russes arrivés aux Marquises il y a déjà deux mois après avoir traversé le Pacifique sur un autre voilier, et très vite une super bonne ambiance va s’installer dans le grand carré de Venus!


Ça fait plaisir de voir fructifier les efforts, petit à petit, et de voir que les choses avancent, car, entre vous et moi, ce n’est pas toujours facile. Quand je me suis lancé dans ce journal de bord j’avais comme but de partager le quotidien de cette aventure, de montrer le derrière des coulisses, la réalité derrière le rêve. Je ne sais pas si j’y arrive. Il y a des hauts et des bas, et je suppose que ça influence l’écriture. Sûrement.


Mais voilà, si on veut rentrer dans le vif du sujet, dans un projet il y a toujours, ou presque, deux facettes et c’est rare que l’on en connaisse les deux : le côté publique, qui fait rêver, et puis les coulisses. Combien de fois je me suis fait dire « oh la chance, tu te tapes des vacances en Polynésie en voilier! »? Maintenant, combien de fois je me suis fait dire « Ça ne doit pas être facile vivre sous l’épée de Damoclès, de savoir que tu as tout mis dans un projet sur lequel tu travailles depuis plusieurs années, que chaque jour ton défis numéro un est de faire que le projet fructifie, qu’il grandisse, etc… » ? Je vous laisse deviner. Et pourtant, même quand on essaye de partager ce qui se passe dans les coulisses, on y met, sans le vouloir, un filtre personnel.


Donc aujourd’hui, mesdames et messieurs, je vais vous faire un aperçu général de la situation, avec son beau côté, mais aussi le revers de la médaille. Ce n’est pas du tout pour protester, loin de là, je n’oserais pas. C’est pour essayer de dessiner un vrai portrait de ce que peut représenter « vivre le rêve ».

Comment faire ça? Si on avait une feuille de papier devant nous on pourrait tracer une ligne verticale pour former deux colonnes et visuellement mettre les points positifs d’un côté et puis les enjeux et les défis de l’autre. On pourrait également y aller par sujets au fur et à mesure.


J’ai opté pour y aller au fur et à mesure des idées qui me viennent, on va voir ce que ça donne.


Alors avant tout, je dois vous dire que je suis heureux. Être heureux a été mon objectif pendant toute ma vie, et ça le restera le reste de ma vie. Sur ce point, je suis content de pouvoir me regarder dans le miroir et de voir que je souris, malgré les embûches, malgré les difficultés, le stress, les nuits blanches et les épreuves.


J’ai la chance d’être en santé, la chance de pouvoir être en train de vivre mon rêve en ce moment, la chance de pouvoir partager cette aventure avec le monde que j’aime et qui m’est cher. J’ai la chance aussi de pouvoir être dans un endroit paradisiaque, rencontrer du monde dont le quotidien est totalement différent du mien, du notre, sûrement du votre, et de pouvoir partager nos expériences et apprendre des leurs, de nous enrichir en tant que personnes, en fait.

Pouvoir se lever avec cette vue. Je me sais chanceux!


Pouvoir se lever avec une vue à couper le souffle, pouvoir naviguer à travers des Océans où tu décides de ta propre route, pouvoir amener son chez soi flottant dans les contrées magnifiques, nager avec les requins et les raies, découvrir les coraux et apprendre sur les écosystèmes tropicaux… C’est, je vous dirais, une vie d’apprentissage. Chaque jour nous apprenons de nouvelles choses et nous ouvrons les yeux sur de nouveaux horizons.

Mais ce n’est pas tous les jours facile. C’est une aventure pleine de défis, une aventure dans le défi.


Je dirai qu’il y a en a qui sont psychologiques et d’autres physiques.

Le premier défi a été celui de prendre son courage à deux mains et de se lancer dans ce projet. Se regarder dans le miroir et se dire « c’est bon, j’en suis capable, je suis prêt à vivre cette aventure et je suis prêt à prendre tous les risques associés à cette aventure ». Car ne l’oublions pas, ce n’est pas pour peindre un tableau noir, là tout de suite, mais cette expérience est intrinsèquement liée à la mer, à l’Océan. Et une fois en mer, une fois que vous avez largué les amarres ou levé l’ancre, il n’y a plus de « pauses ».


Si vous êtes en mer et que la tempête arrive, si vous avez une avarie à bord lors d’une traversée, je vous déconseille de dire « bof, pas trop envie de m’en occuper maintenant, il fait trop froid ou trop chaud, je ferai ça demain ». C’est dans l’immédiat qu’il faut prendre action. Que tu aies passé une ou plusieurs nuits à ne pas bien dormir pour braver la tempête, que tu ne te sentes pas dans ton assiette, que tu n’aies juste pas envie, il n’y a pas de pause, pas de possibilité de poser pied à terre et dire j’arrête, parce que lorsque tu te trouves à 200 miles, ou même 5 miles de la terre ferme, c’est toi qui doit agir. À titre d’exemple, si vous faites un marathon, une activité physique ou mentale, si vous êtes à bout de souffle, prêts de votre limite, il y a, la majorité du temps, la possibilité de s’arrêter, de reprendre son souffle, ou même de dire « j’arrête » et de pouvoir aller se reposer. Ici, oubliez ça. Si tu te trouves 200 miles nautiques de la terre la plus proche, tu sais que tu vas passer encore au minimum deux jours en mer avant de pouvoir poser pied à terre. Il n’y a pas de pause dans cette aventure, ou du moins pas en mer. Aussi, n’oubliez pas, la mer est belle mais peut être très rude, sans pitié et les erreurs peuvent être fatales.


Démâtages, voiles déchirées, safrans perdus, drisses cassées, moteurs en panne, hélices perdues sont tous des exemples de situations avec lesquelles des personnes rencontrées durant les derniers mois ont dû faire face. Et ce ne sont que des casses matérielles…

Ce n'est pas toujours facile. Il faut savoir prendre du recul et garder son sourire.


Nous avions un plan initial, et plusieurs plans « B », ou plans alternatifs. Mais il faut être prêt à ce que la réalité ne suive ni le plan « A » ni les autres, et il faut être prêt à réagir, à s’y adapter et à continuer d’aller vers l’avant. Toujours être prêt et ouvert pour l’inconnu. Comme vous le savez, plusieurs fois nous avons dû faire face à des imprévus, à des surprises ou des difficultés. Chaque fois nous avons dû mettre toutes nos forces, tout notre courage et détermination pour essayer de prendre le meilleur choix pour le moment donné, mais également le meilleur pour la suite et le futur.


Vivre avec le stress financier. Parce que dans tout projet, il y a malheureusement l’enjeu monétaire. Chaque jour il faut essayer de trouver le moyen de financer le projet, ne parlons même pas de nous financer nous-même en tant que personne, non, je parle bien de financer le projet, d’être capable d’assumer les prochains frais, les prochaines dépenses. Trouver des commandites, des subventions, des parrains, des aides financières, des projets à embarquer, des personnes comme vous qui veulent vivre une expérience à bord. En somme, faire en sorte que la décision de rester en Polynésie Française ait été la bonne, c’est une préoccupation qui est là, omniprésente dans chaque instant.


Il y a aussi le côté physique. En navigation c’est plus facile à s’imaginer : les manœuvres de voile, hisser, border, choquer, wincher, empannage, virement de bords, aller sur le pont, faire des acrobaties entre les cabines lorsque le bateau gîte à 15 degrés, pomper les cales, vivre avec un mouvement perpétuel et incessant. Mais il y a aussi les vagues, le bruit du vent, l’humidité, la chaleur accablante, le sel, la pluie, les quarts de nuit, les grains.


Être prêt à tout. Certains marins disent que la voile c’est « un jour, une emmerde », ou encore « petit bateau, petits problèmes ». Je confirme, mais il faut être capable d’assumer. On dit souvent que ça prend une année avant de bien connaître un voilier. Ce n’est pas que vous allez avoir le temps de lire les notices ou que vous allez vous balader dans les recoins, non, c’est que petit à petit vous allez devoir réparer chacun des systèmes qui composent le voilier. En deux mois nous avons dû changer et faire souder une pièce de l’alternateur, nous pencher sur le fonctionnement du frigo avec son système de DEL messager et compresseur, le dessalinisateur, pompe haute pression et basse pression, le monde infini des annexes et leurs problèmes,..


C’est une aventure d’apprentissage.


Mais je vous dirai que nous vivons avec l’épée de Damoclès sur nos têtes, toujours prêts à la nouvelle surprise.


Mais revenons à nos moutons, notre plan pour les prochains jours est comme il suit : départ de Taiohae en direction de Taipivai pour y faire le plein des réservoirs d’eau, ensuite Ua Pou faire le plein de fruits et légumes. Tout ça assez rapidement afin de profiter de la fenêtre météo qui s’ouvre pour aller à l’atoll de Fakarava.

Fakarava?

Nuku Hiva -Tahiti, voici à quoi ressemblent les distances comparé à l'Europe!


Oui, Fakarava est le deuxième plus grand atoll de l’archipel des Tuamotus avec ses 30 miles de long du Nord au Sud et 10 miles nautiques de large et est connu pour ses sites de pongée et par le fait que c’est un site UNESCO de la biodiversité! On a hâte de découvrir ça et d’en savoir plus sur les écosystèmes locaux!


Mais l’épée de Damoclès était sur le point de tomber, et de toutes les surprises, celle que nous avons vécue dans les jours suivant était vraiment hors de notre imagination.


Contactez-nous et embarquez avec nous dès aujourd’hui!


Vous voulez supporter ce projet? Contribuez ici!


Merci beaucoup et à bientôt!


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